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La mauvaise fortune de « Pas de bol » Harper

Parmi tous les chercheurs d’or malchanceux du Yukon, il y en a un qui retient l’attention par le rôle qu’il a joué dans le développement du Yukon.

Arthur Harper est connu pour avoir prospecté dans beaucoup d’endroits où certains ont fait fortune sans lui-même jamais en trouver. Son surnom était « Hard luck Harper » qu’on pourrait traduire par « Pas de bol Harper ». Il a quand même connu des succès et son destin mérite le détour.

Yukon news y consacre un article consultable ici en anglais. On peut aussi y voir une photo de M. Harper. A noter que l’auteur de l’article propose d’intéressants livre d’histoire (en anglais).

Pour les non anglophones, je vous propose ci-dessous une traduction de l’article:

La mauvaise fortune de « Pas de bol » Harper

L’histoire du « Père du Yukon », Arthur Harper, par Michael Gates


.Mi-Juillet 1873, un petit groupe d’hommes sales et épuisés arrive à Fort Yukon, Alaska, qui était situé à l’embouchure de la rivière Porcupine (Porc épic), un affluent du puissant Yukon. Ils sont partis de la rivièrePeace (Paix) l’année précédente et ont voyagé en utilisant la rivière Liard et le fleuve Mackenzie pour arriver à destination.

Convaincue qu’ils trouveraient de l’or, ils ont enduré d’incroyables difficultés pendant leur voyage. Ils ont campé en hiver dans des tentes en toile et vécu de ce qu’ils trouvaient. Leur stock de farine était épuisé depuis 2 ans. Un de ces hommes sera considéré par beaucoup comme le « père du Yukon ». Son nom était Arthur Harper.

Harper est né à County Antrim, en Irelande, en 1835, et a immigré en Amérique quand il avait 18 ans. Deux ans plus tard, il se rend sur la côte Ouest. Pendant quelques années il prospecte (NdT: de l’or et autres minéraux) à l’intérieur de la Colombie Britannique avant de se diriger vers la vallée du Yukon.

A Fort Yukon, Harper part immédiatement en quête d’un filon. Constatant que certains indigènes portent des échantillons de cuivre natif, il décide de se rendre dans leur région d’origine. Tout en prospectant, il se rend à la rivière White (Blanche) où il campera tout l’hiver.

Le printemps suivant, il tente sa chance autour de l’embouchure de la rivière Stewart, mais, ne trouvant rien, il redescend le Yukon et fait de même autour de l’embouchure de la rivière Koyukuk, et à nouveau, pas de chance.

Pour financer ses voyages de prospection, il devient commerçant, il travaille alors pour « Alaska Commercial Company », en partenariat avec Leroy Napoleon « Jack » McQuesten. Leur partenariat durera 14 ans, durant lesquels Harper, plus prospecteur que McQuesten, continuera sa quête de l’or.

En 1877, il teste l’amont de la rivière Sixtymile (60 miles). En 1881, il voyage par voie de terre jusqu’au site actuel de Eagle (aigle) en Alaska, pour atteindre la rivière Tanana. Harper prospecte et collecte un échantillon de sable le long de la rivière et l’envoi à San Francisco. Quand il apprend que l’analyse donne une valeur du sable de 20000$ la tonne, il essaie de retrouver l’endroit, sans succès.

Il continue pendant beaucoup d’années, prospectant quand il pouvait et commerçant pour gagner sa vie. Il semble que chaque endroit où il a prospecté donnera de bons résultats, pour les autres. Et pour cette raison, il sevient connu sous le nom de « Hard luck » Harper (« Pas de bol » Harper).

Mais, il ne perdra jamais son enthousiasme pour le potentiel minier du Yukon, et pendant des décennies, il écrit des lettres faisant toujours la promotion de l’intérêt de prospecter dans la vallée du Yukon.

Harper et Mc Questen continueront leur commerce de fourrures avec les premières nations jusqu’en 1885, ils décident alors de se focaliser sur la fourniture de matériel pour le nombre croissant de prospecteurs arrivant au Yukon chaque année. Les découvertes d’or sur la rivière Stewart les poussent à s’installer à l’embouchure de cette dernière. Ils vont créer ce qui deviendra connu sous le nom de Fort Nelson ou bien Harper’s post en 1886.

Mc Questen se rend à San Francisco durant l’hiver 1886/87, pour commander du matériel, pendant que Harper reste sur place, mais, la découverte d’or sur la rivière Fortymile (40 miles)impose un changement immédiat de plans.

Harper anticipe une ruée de prospecteurs l’année suivante. Il écrit donc une lettre à Mc Questen pour l’informer des modifications de la situation. Tom Williams, un mineur installé à Harper’s post, se porte volontaire pour porter la lettre destinée à informer Mc Questen qu’il doit augmenter la quantité de fourniture qu’il doit ramener au printemps.

Après le débâcle du Yukon, en 1877, leur bateau à vapeur arrive à l’embouchure de la rivière Fortymile en poussant une barge pleine de fournitures. Harper attendait. Il installe un comptoir sur le pont de la barge, avec des balances pour peser l’or et la marchandise. Tout est vendu en 48h.

La rivière Fortymile devient le centre des activités minières pour les années qui vont suivre, et les deux commerçants continuent de travailler ensembles jusqu’en 1889. A cette date Harper forme une nouvelle association avec un autre vétéran du Yukon nommé Joseph Ladue. Ils établiront un nouveau comptoir de commerce à Fort Selkirk cette année là.

Le révérend Canham (missionaire anglican) et sa femme les rejoignent 3 ans plus tard. Un prospecteur itinérant, nommé Georges Carmack, travaillait à la scierie de Ladue, et construisit les bâtiments de la mission en 1892 et 1893. En 1895, Georges Carmack décide de descendre la rivière l’été suivant jusqu’à l’embouchure de la rivière Klondike, pour pêcher.

A ce moment là, Ladue a transféré sa scierie et établi un autre comptoir commercial sur la rivière Sixtymile. L’été 1896, le rêve des commerçants d’une grande découverte d’or devient réalité, au-delà de leurs espérances, quand Carmack en découvre sur le ruisseau Bonanza (NDT: C’est l’origine de la ruée vers l’or du Yukon).

Ladue transfère alors sa scierie à la confluence du Klondike et du Yukon pour desservir les nouveaux champs aurifères. Il délimite aussi un lopin de terre. Harper fait de même et ensembles ils forment la Dawson Town Site Company (Société du site de la ville de Dawson).

La population de Dawson City explose et la valeur de leurs terrains croît de façon exponentielle. Des lots vendus 150$ en 1897 sont vendus 15000$ l’été suivant, et à l’automne, les prix sont montés jusqu’à 40000$. Harper est maintenant un homme riche, avec des participations dans beaucoup de concessions, mais la chance l’abandonne à nouveau.

Usé par les années difficiles, il a contracté la tuberculose et sa santé décline. Harper, sa femme, et ses enfants, s’embarquent pour San Francisco en Septembre 1897. Sur place, il va se faire soigner à l’hôpital.

De San Francisco, il se rend en Arizonaplus tard dans l’automne, cherchant un remède à sa maladie. Au lieu de cela, il meurt là-bas, le 24/11/1897 en n’ayant jamais eu l’occasion de profiter de sa richesse. Il avait 63 ans. A sa mort, ses intérêts au Klondike valent 200000$, ce qui est une fortune à l’époque. Aujourd’hui, il a une montagne à son nom ainsi qu’une rue de Dawson City.

Malheureusement, sa mauvaise fortune se poursuivra au-delà de sa vie. En effet, des années plus tard, son fils Walter périra, avec son épouse, dans le naufrage du Princess Sophia qui a coulé dans le canal Lynn le 25 Octobre 1918.

Auparavant, en 1913, il aura été le premier à atteindre le sommet du Mont Mc Kinley (appelé Dénali aujourd’hui). Il avait pris le bateau pour aller étudier la médecine.

L’article a été écrit par Michael Gates, un historien Yukonais et aventurier basé à Whitehorse. Son dernier livre (en anglais) « The Yukon fallen of world war I, co-écrit avec D.Blair Neatby est maintenant disponible à la vente.

Vous pouvez le contacter à msgates@northwestel.net

Si vous lisez l’anglais, allez voir l’article original consultable ici en anglais.

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